Georges Darien

Posted By: Gabriel Feret In: Histoire des livres On: mercredi, décembre 3, 2014 Hit: 1034

« Je mange, je bois ; et je laisse l'assiette sur le buffet et la bouteille sur la table. Il y a des voleurs qui remettent tout en ordre, dans les maisons qu'ils visitent. Moi, jamais. Je fais un sale métier, c'est vrai ; mais j'ai une excuse : je le fais salement. »

Cet extrait est issu du Voleur de Georges Darien. Puisque nous évoquions la mort de Jean-Jacques Pauvert dans un précédent article, je ne saurais trop conseiller la lecture de Darien, vel esprit libre, qu'une nouvelle fois, Pauvert sortit de l'oubli. 

Je le découvris grâce à mon ami Philippe H., libraire, qui un jour, alors que je faisais temporiser l'ennui dans sa librairie, me sortit ce livre d'un rayon en me disant simplement "Lis ça". Je ne sais comment Philippe avait lui-même découvert l'auteur, à qui on a un peu hâtivement collé l'étiquette de libertaire et d'auteur pour libertaire, comme si Léon Bloy avait été réservé aux catholiques illuminés et aux vieux réacs. Et si Bloy dépasse donc ce lectorat, pourquoi n'en serait-il pas autant pour Darien ?

Darien, sans doute, va chercher en nous ce que nous ne voulons pas voir et il faut bien avouer que Pauvert était doué pour nous dégotter ce genre d'énergumène. 

Darien nous emporte dans son style incidif et sombre, aussi grand sans doute que son anticléricalisme convaincu et son mépris pour l'Armée,  dont il nous exposa l'ampleur dans un roman Biribi, discipline militaire, au sujet du bagne de la Tunisie française.

Si Darien, donc, a le costume du libertaire taillé sur mesure, il ne manquera pas de vous emmener avec lui, de vous faire cracher contre et de saisir à bras le corps votre besoin d'humanité, tout en vous la faisant mépriser, bien au fond, en vous.