J’attendais de me réveiller sous la neige, pourtant pas un flocon n’est tombé. Au sous-sol pour les quelques colis à emballer. J’essaye ensuite de régler des problèmes de ralentissement de mon ordinateur, qui m’ont empêché de travailler correctement hier soir, qui persistent aujourd’hui. Il faut dire que la machine va bon an mal an vers ses dix ans. L’opératrice entreprend diverses manipulations de nettoyage et la vitesse revient à un état plus acceptable, malgré quelques rechutes parfois. J’en parlerai à S, il faudra peut-être entreprendre une réinstallation du système. A la poste peu avant 15h. R, la postière me rappelle qu’aura lieu le festival du livre de C durant le week-end, auquel participent MM, PM, JCB. J’avais oublié. Je leur rend chaque année une visite confraternelle. Je demande à R si elle s’y rendra. Elle répond qu’elle n’y est pas allée depuis dix ans, que sa belle-fille lui prête des livres et qu’elle préfère les lui rendre. Les livres prennent de la place. Sa belle-fille lui a confié tous les livres de Guillaume Musso. Mais lire, dit-elle, ne sert à rien, c’est une perte de temps. Je passe par le supermarché avant de rentrer. La neige s’est mise à tomber. Je m’enferme pour le reste de la journée, finis la série de livres que j’ai commencé à saisir en stock. L’ordinateur bute encore, je le redémarre et il reprend de la vigueur. Comme hier, avant-hier, je m’allonge pour lire et m’assoupis. De la même manière, je reprendrai la saisie plus tard. Les jours se ressemblent, je ne m’en trouve pas diminué pour autant. J’accomplis une forme de devoir de transmission, comme si, à part l’amour et l’amitié de mes proches (qui me comblent), plus rien d’autre ne compte. Les livres, la littérature, comme république ou comme religion. Le monde me semble se déliter, se ruiner, mais une grande partie de ma vie s’est réalisée désormais. Il ne me reste que quelques mots à écrire et des livres à envoyer partout dans le monde. A vrai dire, je n’en demande pas plus. Je tenterai simplement de laisser un héritage convenable aux plus jeunes, à mes neveux. Je sais que je ne suis pas vieux, mais je respire un air de fin du monde. Je suis très loin d’avoir tout vu ou lu, mais je n’attends pas plus que quelques idées surprenantes, la joie de comprendre un concept complexe, la beauté d’une métaphore, d’une passante ou de la neige qui recouvre maintenant le village.
P a broyé du noir, seul au bar ce soir, en écoutant un petit groupe guitare-violon dont il m’envoyait des vidéos. Il attendait les nouvelles des soins futurs de JP.