Jeudi 26 septembre

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: jeudi, septembre 26, 2024 Hit: 33
J’étais invité hier soir à prendre l’apéritif dans la librairie de N et A. Je suis arrivé avec M, une bouteille de vin blanc du sud-ouest, quatre verres à pied, et L’immense solitude de Frédéric Pajak, avec l’envoi « Pour Martine, ce poison… », que j’avais déniché au village du livre de Montmorillon il y a deux ans. A était enchantée par ce cadeau, qui manquait à sa collection, tellement qu’elle m’a embrassé deux fois de suite. Son bonheur faisait chaud au coeur. Nous a rejoint L, un jeune diplômé en histoire, qui travaille comme assistant d’éducation dans une école en attendant de pouvoir repasser son CAPES. Nous avons papoté gaiement, parmi les livres, devant nos verres et quelques biscuits, distraits parfois par M qui quémandait quelques miettes. N est allé chercher des pizzas dans un restaurant en face et la soirée s’est poursuivie en parlottes un peu convenues, mais agréables. J’ai profité de mon passage pour commander Récoltes et Semailles, d’Alexandre Grothendieck. 
Pourtant pas rentré tard hier soir, je me réveille en milieu de matinée. La pluie tombera tout le jour. Après m’être extirpé des brumes d’un long sommeil, j’emmène M sous la pluie, passe à la poste, où une commerciale m’entretient des maigres avantages d’une carte professionnelle. On se demande parfois comment la poste a réussi à détruire un service si peu cher, qui fonctionnait bien, en une entreprise onéreuse qui fonctionne mal. Je rentre, confectionne quelques colis. A KB en début d’après-midi. Mieux vaut prendre garde à la chaussée très glissante. Là encore, une discussion autour de Grothendieck, des éclaircissements sur le concept de topos. Après quelques courses, je me glisse sous une couverture, M blottie contre moi et reprends la lecture de Pierre Adrian. J’avais parlé hier aussi de ce livre avec A, sa proximité avec les livres de Pajak justement, tout en évocations, comme une écriture par touches, peut-être aussi parce qu’il y est question de Turin, de Pavese. Je m’assoupis après quelques pages et Pavese vient me visiter en rêve, une fois de plus. Cette fois, il se mélange à Grothendieck, dont on a aussi évoqué le livre La clef des songes. Je repars patauger dans les flaques avec M qui insiste pour prolonger par le centre. Soit. Devant l’ordinateur au retour et je m’y tiendrai jusqu’à maintenant, avec une pause d’une demie-heure pour dîner. 
Je me demande parfois s’il est un secret caché de résolution à la solitude totale, sans finir par délirer ou devenir fou.