Jeudi 27 juin

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: jeudi, juin 27, 2024 Hit: 118

Lever avant 8h pour me rendre à KB. La perspective change depuis un mois et le monde avec lui. A partir de quelques mots. Comme si on avait modifié la place d'un tableau dans une pièce, qu'elle en apparaissait différente, malgré l'aspect familier, reconnu. A 10h15 je sors de la vallée jusqu’à C, rentre dans celle de M jusqu’à G. XH est là, devant chez lui, l’air fatigué par les travaux de sa maison qui n’en finissent pas. P, sa compagne peint consciencieusement des plinthes, elle semble tout aussi fatiguée. Nous parlons ensemble un instant, puis XH m’invite à boire un café, à constater l’avancée des travaux depuis ma dernière visite. Les progrès sont indéniables. Dans sa lancée, X m’invite à déjeuner avec eux. Nous parlons encore du métier, de politique, en mangeant le déjeuner frugal préparé dans leur cuisine provisoire, dans la grange. La discussion s’éternise. Je comptais passer à la maison avant de monter vers S, mais je n’ai plus le temps. Je laisse le couple reprendre son labeur. P semble motivée, tandis que X traîne un peu. Je roule vers le centre de S avec la crainte de ne pas trouver de place, guidé par un GPS à l’itinéraire incompréhensible. Une place se présente à moi juste devant l’immeuble, au moment où une averse orageuse s’abat sur la ville. J’attends un moment, monte chez madame B. Les livres sont éparpillés dans deux pièces. Je sais qu’ils ont déjà été vus par SB qui m’a transmis l’adresse, mais d’autres visites ont manifestement eu lieu. Madame B aimerait que je débarrasse, même pour rien, mais à bien regarder j’y passerais un temps fou, alors que seulement une quinzaine de livres m’intéressent. Contre un petit billet, je les embraque, passe voir SB dont la boutique se trouve à deux pas. Elle se montre désolée de m’avoir transmis ces coordonnées. Elle n’y est pourtant pour rien, ne pouvait pas savoir qu’un autre libraire se présenterait avant moi. Nous échangeons aussi à propos de l’événement de l’association à S, qui a eut lieu il y a presque deux semaines déjà. SB ajoute quelques notes au memo qu’elle avait commencé à rédiger, au sujet des améliorations à apporter. Nous sommes d’accord, le retour à l’ancien lieu a valu la peine. Un client entre, il cherche des gravures sur la Hongrie, la Roumanie. Je quitte SB, m’enfonce dans quelques bouchons à la sortie de S, moins importants toutefois que ceux que je craignais. De retour, je trouve un message de P. Il a vendu le livre d’art à la reliure de Koloman Moser et l’exemplaire du Petit Prince, en édition originale française (quoique sans jaquette) que je lui avais confiés. Nous parlons un moment au téléphone. Que de parlottes aujourd’hui comparé à la journée d’hier ! Je l’avais passée seul à trier des livres au sous-sol, au frais. J’en suis presqu’étourdi, saoul. Je m’en vais d’ailleurs continuer ces rangements avant de retrouver la moiteur chaude des draps. Ce matin, je me réveillais en nage.