M me réveille trois fois ce matin. A chaque fois, elle repart s’étendre sur le canapé au soleil. Quand je me lève, elle dort sagement sans lever un oeil vers moi. Je l’ai ramenée hier soir après une visite à J. J’ai parcouru le département du nord au sud ce jour. Nous étions allés XH et moi à S chez une dame acheter quelques caisses de livres sur une recommandation de GB. GB s’occupait d’aider la dame à vider un appartement moderne, mais insalubre. Son mari, avec qui elle vivait séparé depuis plusieurs années avait passé sa vie à accumuler, sans doute un syndrome de Diogène, me dit-elle, en m’apprenant qu’elle avait trouvé là-bas plus de cinquante pantalons, des plus usés aux plus neufs, comportant encore l’étiquette de vente. Les livres s’entassaient partout, alors que XH et moi passions après de nombreux autres marchands. Un grenier leur était entièrement consacré et les chineurs les avaient dispersés partout, en piles, en tas dans les moindres recoins de la pièce. GB nous a tenus compagnie la matinée, a encore rempli trois cartons. C’était la première fois que XH le rencontrait. Je sais que GB peut avoir ses susceptibilités, mais nous nous sommes toujours bien entendus. Il est affable et cultivé, l’un des seuls bouquinistes que je connaisse qui lise certainement régulièrement beaucoup. Les mésententes avec d’autres confrères traduisent sans doute sa liberté, mal perçue. GB a semble-t-il toujours agi comme il l’entendait, sans se préoccuper du regard des autres. En fin d’après-midi, XH et moi sommes repartis vers C où j’ai déposé ce dernier devant son véhicule. Je sens encore chez lui un manque d’assurance et j’aimerais parfois le rassurer, sans paraitre supérieur ou expérimenté, mais par amitié, simplement. J’ai filé à la maison, pris une douche, emballé cinq colis et filé au sud dîner avec J. Ce matin, M remplit de nouveau la maison de sa présence. Nous sortons sous le soleil. A KB en début d’après-midi, où je parle de Grothendieck et de Deleuze. Je ne sais plus comment, j’en viens à me demander pourquoi je ressens la nécessité de venir chaque semaine. Je l’exprime aussi, pour la première fois. Au retour, M m’accueille gaiement et nous partons vers le centre où je passe à l’office de tourisme acheter un T-Shirt de R pour Son anniversaire. J’espère qu’Elle appréciera le trait d’humour. S’en suit le travail quotidien, colis et saisie. J’essaye d’apprendre à mesurer, à apprécier chaque répétition de geste, mais aussi chaque entorse à l’écoulement régulier des jours, sans verser dans une forme de contrainte journalière subie. J’y trouve autant de force que d’ennui.
Aujourd'hui, c'est aussi l'anniversaire de N. Déjà 13 ans.