Toujours pas de nouvelles de l’autre côté des montagnes. J’hésite entre inquiétude et tristesse de la perte. La plus probable raison de ce silence est certainement qu’elle a la tête sous l’eau, débordée d’angoisses et de soucis, mais je lui ai envoyé un message amoureusement désespéré la semaine dernière et je ne peux m’empêcher de penser à une réponse par l’absence. Je vis avec cette dernière chaque jour. Davantage qu’avec elle. Je ne sais pas m’en sortir.
Quelques colis au matin, de la saisie de stock dans l’après-midi, un peu de lecture, suivi d’un abandon au sommeil, quand les lignes deviennent floues, les mots accrochent et les pages se ferment doucement. Parfois, je me réveille avec le livre ouvert dans mes mains. Dans la soirée, P, l’ex-compagnon de C me demande une édition de Bilbo le Hobbit, de Tolkien. Je passe quelques coups de fil, lui trouve une édition courante, mais c’est finalement la première édition française qui l’intéresse et lui rappelle son enfance. Après arrangement, je passe commande pour lui. Je reçois un message de monsieur P aussi, fidèle client qui ne commandait plus depuis deux ans. Il produit l’effort de rédiger un mail, après deux AVC. Depuis hier, il m’a commandé plusieurs livres, principalement pour son petit-fils, passionné de littérature russe.
En soirée, je ne trouve plus le courage de reprendre la saisie. Je me perds en mélancolie.