Mardi 12 novembre

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mardi, novembre 12, 2024 Hit: 18
Levé tôt pour accueillir l’élagueur. D’emblée, il abat le cerisier malade que j’avais connu enfant. Le vide laissé ouvre le jardin au voisinage. Je pense à ma grand-mère. La matinée sera consacrée à la confection de colis. Après le jour férié hier et les puces à N dimanche, les commandes se sont accumulées. Cet atmosphère de cave froide et humide, au regard du temps dehors depuis plusieurs jours, la brume collante et les nuages bas que l’on ne peut éviter qu’en montant sur les cols, me rentre dans les bronches, accentue les difficultés de respiration, déjà tenaces depuis cette grippe persistante, apparue la semaine dernière. Dimanche matin à N, j’ai bien cru qu’elle allait empirer, par les effluves glaciales qui traversaient mes vêtements. Mais il arrive un moment où le corps s’habitue au froid. Le danger consiste à ne pas sombrer quand le chauffage de la voiture vient à engourdir les membres. J’ai écouté Nick Cave and the bad Seeds pour rester concentré, je les verrai sur scène dimanche prochain à P. Quand je remonte du sous-sol, l’élagueur est parti déjeuner, il a taillé de grandes pièces dans le point de vue. Reste à attendre le printemps. Un prunier prendra peut-être place devant la souche du cerisier. Je file à C en début d’après-midi. A mon retour, l’élagueur es revenu. J’échange un mot avec lui, avec son père, qui, comme le mien, l’aide parfois dans son travail. Je saisis les quelques livres que m’a ramené AK, une voisine qui pratique le métier d’aide à domicile et dont une patiente lui a donné quelques exemplaires. Elle passera plus tard récupérer un petit billet et les livres que je lui laisse. Très sympathique attention de sa part. La nuit tombe déjà. Je ferme le volet sur le paysage resté nu. J’ouvre mon livre mais m’endors, avant de dîner, de terminer mon lot de saisie. Plus qu’une date de puces à N le mois prochain et la longue nuit de l’hiver ne sera plus perturbée. 
Un client breton, qui cherche La Nuit talismanique de René Char m’a écrit un sympathique message. Il me disait que mon « fonds fait plaisir à voir. »