Mardi 18 février 2025

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mardi, février 18, 2025 Hit: 10
Enfin, j’ai récupéré hier à midi mon véhicule, accompagné d’une facture salée, malgré la gentillesse de mon voisin garagiste JN. J’avais besoin de me mouvoir, de sortir de chez moi et j’ai aussitôt proposé à N et A de venir à C boire un verre avec eux. Ils m’on invité chez eux le soir même. J’ai pu découvrir une partie de leur bibliothèque. Nous avons parlé du métier et de livres bien sûr, teinté d’inquiétude pour l’avenir. N m’a fait écouté des titres qu’il affectionne, de la fin des années 1970. M, que j’avais emmenée, s’est faite câlinée par mes deux amis. Il est rare pour moi de pouvoir échanger sur des sujets qui me tiennent à coeur. Je ne suis pas rentré tard, puisque N et A reprenaient le travail ce matin. 
Je me lève après un rêve absurde et répétitif, comme presque chaque matin. Après une douche, nous partons M et moi en balade. Il fait froid mais le temps plus sec. Je me mets à préparer un plat avant l’arrivée de J. Je pensais qu’elle viendrait pour midi, mais comme elle tarde, je vérifie mes messages et constate qu’elle n’arrivera pas avant 13h. J’ai donc le temps de descendre dans le ventre de la maison pour emballer quelques colis. J arrive à l’heure. M grogne de joie à la retrouver. Nous déjeunons en papotant. Il est convenu que je ramènerai M samedi prochain, puisque je devrais passer un moment avec MD, qui m’a invité hier. J repart sans enthousiasme pour une après-midi de travail. Je file à la poste, la trouve exceptionnellement fermée, puis je pousse jusqu’au relais colis, lui aussi fermé pour travaux. Pas de chance ! Je me rends à un rendez-vous chez le médecin, attends plus d’une demie-heure mon tour, tente de maîtriser le stress qui est apparu depuis la période du Covid quand je suis en relation avec le monde médical. Pourtant, bêtement, je joue les détendus, sans savoir si je cherche à me rassurer moi-même ou bien persuader le médecin que je me porte bien, que je n’ai pas besoin de lui. Il s’agit pourtant d’une consultation tout à fait banale. J’en ressors soulagé, comme si j’avais échappé à un danger. J’emmène M pour un court tour de quartier avant de partir avec elle chez RC pour renouveler mon stock de timbres, épuisé depuis un mois que je ne suis pas véhiculé. RC parti en vacances, F a tout loisir de se plaindre de lui en m’accueillant. Elle me montre le jardin, les travaux en cours. Quand je repars, son émotion paraît. L’âge de son unique fils décédé à moto devrait être proche du mien aujourd’hui. Chaque soir, m’a-t-elle dit à ma dernière visite, elle ressent une douleur aux jambes, un accablement qui la terrasse à la même heure, celle où R mourut me dit-elle. Je prends la direction du dépôt de K, charge quelques caisses de livres en prévision du travail pour les semaines à venir. Je m’y mets juste après le dîner, au retour. 
J’ai reçu quelques messages de l’autre côté des montagnes depuis trois jours. Je ne cherche plus les raisons de me déprendre d’Elle. J’ignore ces causes, je n’en analyse plus la généalogie, la fonction. Il s’agit simplement d’un amour. Un amour déçu et vivant.