Mardi 18 mars 2025

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mardi, mars 18, 2025 Hit: 31
Je ne me lève pas trop tard. J’appelle XH qui s’est décidé à sortir son stand à S pour la première fois. JPH m’appelle ensuite. Il se remet de son opération, me parle longuement de l’exposition de ses photographies, avec émotion. Son regard sur les choses m’a toujours paru extraordinaire. JPH voit, avec poésie et sincérité, autre chose qu’il pourrait regarder en lui-même, même si ses images révèlent sa douceur, sa mélancolie. Il me parle de sa mère aussi, qui avait, dit-il, pressenti la mort de ses parents, alors que rien ne l’annonçait, me raconte avec humour comme il s’était cassé le poignet, enfant, alors que sa mère l’avait prévenu, avant qu’il ne sorte, qu’il lui arriverait quelque chose. Il hésite puis explique son sens artistique par la sensibilité de sa mère, elle qui n’était qu’ouvrière, dit-il, comme son père, tous deux ne s’intéressaient pas aux choses de l’art. M et moi sortons sous le soleil. Après un rendez-vous médical, je m’occupe de mes colis, file à la poste, avec M dans la voiture, puis au supermarché faire provision de ruban adhésif. Je laisse le lot rapporté vendredi dernier au dépôt à K. Nous repartons pour une promenade, M et moi. Avant la réunion du bureau de l’association, je me laisse dériver dans une agréable somnolence, souvent voluptueuse au regard de mes nuits agitées et parfois tendues. Après la réunion, le dîner, je me lance dans la saisie de quelques livres, de la philosophie, de la théologie, tout en échangeant des messages avec P, que je sens déprimé, mais il m’assure qu’il se sent mieux. 
Si j’ai vécu deux vies, une petite dans l’enfance, une autre ensuite, à partir de l’âge de 17 ans, comme si j’étais né à nouveau, il me semble être parvenu aujourd’hui à une sorte de terme. Il me resterait alors à vivre ce que je n’ai pas connu avant, un longue temps d’humble travail, de vie active.