Le temps est beau et printanier. J’attends FA et, contre mes habitudes, ne sort pas avec M pour ne pas le manquer. Il arrive vers 11h et difficilement, gravit les marches du perron. Il ne s’est jamais remis de son accident de la route, quand il avait une trentaine d’année. FA collectionne sans compter, les livres, les tableaux, mais aussi les tracteurs. Il en possède de très anciens, dont il m’avait dit fièrement l’été dernier que l’un d’eux est exposé à la chambre d’agriculture. Je lui ai préparé quelques bricoles sur le Rhin, l’un de ses thèmes de prédilection. Il possède plus de 400 ouvrages sur le sujet. Par chance, ceux que je lui ai préparés manquent à sa collection. Il sirote sa bière et regarde la table du salon, sur laquelle trainent des livres. Il repartira aussi avec un livre illustré par Job, en mauvais état et un livre quelconque de la fin du XIXeme siècle. J était arrivée entre-temps et elle prenait le soleil avec M sur la terrasse moussue. FA la taquine, comme il avait plaisanté AC l’été dernier, et elle évite soigneusement de rentrer dans le jeu. Nous partons déjeuner à C, J et moi. J repart avec M qui me regarde par la vitre de la voiture, arc-boutée contre le siège passager sur ses pattes arrières. Quand M s’en va, la maison se désertifie. Surtout les premières heures. Je crois l’apercevoir au détour d’une porte ou dans son panier. Sa présence sonore s’absente aussi, les cliquetis de sa démarche, sa respiration, ses jappements pour me prévenir de l’arrivée de quelqu’un. Sinon le silence dérangé par un peu de musique, c’est le bruit du monde présent pour moi. Il devrait réapparaitre rapidement, dès vendredi ou samedi. Au départ de J et M, j’aurai travaillé jusqu’à presque minuit, lu à peine quelques pages de mon livre.