Comme hier, je me lève tard. Pourtant réveillé à 7h, pour me rendormir, je me suis perdu dans des rêves absurdes et répétitifs. Après la balade avec M, je n’ai que deux colis à emballer. Les ventes depuis hier sont retombées. L’inquiétude commence à me prendre. En somme, depuis les élections du mois de juin, les commandes par internet ont marqué un coup d’arrêt. Les marchés et salons ont pu rattraper les pertes jusqu’à présent, mais qu’en sera-t-il de l’hiver ? Aucune date n’est prévue avant fin février ou mars. Je ne vois pas trop d’autre perspective que de tenir, saisir un maximum de livres en ligne, en essayant de ne pas trop entamer les économies. Ma confiance, en revanche, encore plutôt vaillante la semaine dernière, est entamée. Je ne doute pas que les ventes en ligne finiront pas décoller à nouveau, mais pour combien de temps encore se prolongera la période sèche ?
Peu après 14h, je passe à la poste, au relais colis. S’en suit une longue session de saisie de stock - jusqu’à maintenant - entrecoupée d’un repas, d’une promenade avec M et, plus tôt dans l’après-midi, de quelques lignes de Récoltes et Semailles, dont la lecture tire en longueur. Grothendieck consomme des centaines de pages à régler ses comptes avec le milieu mathématique d’après-guerre et répète parfois des dizaines de fois les mêmes phrases, sans compter que lorsqu’il aborde les théories mathématiques, je suis largué. Le livre aurait pu facilement être divisé par deux voire par quatre et je comprends maintenant que les éditeurs l’ait refusé. Il semble que l’auteur se perde lui-même dans son manuscrit, que l’on voit même se construire au fur et à mesure de la lecture. Il n’y a pas réel travail de structure, de construction, pour quelqu’un, qui, paradoxalement, apportait un grand soin à la rédaction de textes scientifiques. Quelques éclairs traversent les pages parfois, mais il faut les chercher comme une aiguille dans une meule de foin.
Je termine ma journée, allongé sur le canapé, à réfléchir à mes finances et à des issues. M est blotti contre moi. Je soupire et elle pose sa tête sur mon ventre.