Mercredi 16 avril 2025

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mercredi, avril 16, 2025 Hit: 11

Le grand silence surprend à nouveau la maison, mais ce n’est pas M qui l’a quittée mais mes parents ce matin, après dix jours à l’occuper, à la soigner, elle et son coutumier occupant. Je ne sais pas quand nous pourrons nous revoir ici. Une chose a changé pourtant, nous savons qu’un jour il y aura une dernière fois et nous pouvons l’évoquer parfois, à demi-mot ou même parfois franchement. Entre les menus bricolages, le travail, des promenades et des repas riches en discussions, durant lesquels nous avons aussi parlé de livres. Un soir, mon père m’a parlé de Klemperer lors d’une balade nocturne. Mais nous avons aussi évoqué Grothendieck, Emmanuel Venet, Robert Seethaler et d’autres. Sans mes parents, je n’aurais pas pensé aux livres. Souvent, dans ma vie, je n’avais qu’eux pour en parler. Ils sont partis avec quelque-uns d’entre eux, tirés de ma bibliothèque, peu avant 11h. Au cours de leurs préparatifs, j’avais eu le temps d’emballer mes colis. J’ai débarqué à la poste avant midi, comme tous les matins depuis leur arrivée. Je me suis levé plus tôt pendant leur séjour, partageant leur petit-déjeuner et leurs habitudes, qu’ils ont transposées dans la maison. Je suis rentré de la poste, ai ouvert la porte sur le grand silence. Je prends quelques minutes pour m’accoutumer, l’avaler, dirais-je même, puis je reviens à la table de travail, recommence à saisir des livres. J’appelle XH en début d’après-midi puis pars à C pour revoir N et A que je n’ai pas vus depuis l’anniversaire de N. Je leur apporte une bouteille de muscat et quelques chocolats. Ils me donnent un livre sur Guillaume Budé, que j’avais commandé, mais que le distributeur a commis l’erreur de leur envoyer en double. A me parle d’amitié, d’une soirée qu’ils organiseront sur ce thème, l’amitié par les livres, et j’en suis touché. De retour à la maison, je tente de me reposer sans trop de succès, avant le départ à N vendredi pour les puces. Il ne devrait pas pleuvoir, comme dimanche dernier, nous avons eu de la chance. Je somnole un peu et termine ma lecture de Récoltes et Semailles. Il ne me restait que quelques pages que je ne parvenais pas à achever. Après un dîner rapide, je reprends la saisie de stock. Les ventes ont enfin repris, j’ai mis plusieurs mois avant de relancer la machine.