Mercredi 24 avril

Posted By: Gabriel Feret In: Journal d'un libraire On: mercredi, avril 24, 2024 Hit: 84
Depuis hier, je travaille avec acharnement, peut-être pour ne pas trop me laisser aller à des divagations, des réflexions, à la nostalgie de la vie de l’autre côté des montagnes, qui m’est offerte quelques instants dans l’année. Je me persuade que le travail vaut ces heures, alors que, peut-être, c’est idiot. Je l’ai aimée trop tôt, puis elle m’a aimé trop tard, puis je l’aime encore trop tard. Je veux croire qu’il pourrait arriver un moment ponctuel pour chacun de nous. J’attends, je travaille. J’emballe des livres, qui partent dans toutes les régions de France et du monde. J’étoffe mon stock, transmets. Au passage, quelques livres sont lus, dans le creux de l’après-midi ou le grand silence tard de la nuit. Entre ces deux oasis, aujourd’hui, je m’occupe de la préparation du déballage de M, le mois prochain, je m’occupe de ma comptabilité trimestrielle, dont j’essaye d’améliorer le dispositif, après le contrôle des autorités de l’automne dernier. 
Hier, J a remmené M avec elle. Avec le travail, je n’ai pas eu le loisir de me regarder seul. J’ai appris, avec les années, à ne pas trop écouter ma peine. Il y a de cela 25 ans, les journées étaient opposées : je me divertissais d’un petit travail et passais le reste de mon temps à angoisser.