Du découragement suit un réveil plutôt serein, alors qu’à l’accoutumée de sombres pensées accompagnent mon lever. Le gouvernement pourrait modifier le statut de mon entreprise et de centaines de milliers d’autres, ce qui provoquerait un coût d’entreprise plus important pour moi, et, pour d’autres, sans doute, une fermeture, une précarité accrue. P me rappelle alors que je suis sorti avec M, sous un grand soleil. Comme à son habitude, il garde son optimisme, mais critique les éventuels changements. Il devrait passer la semaine prochaine récupérer sa camionnette. J’appelle XH, qui me pose diverses questions, puisqu’il entreprend de travailler avec de nouveaux sites de vente. Je lui apprends les projets du gouvernement. Si le statut change, me dit-il, il ne pourra pas faire face. Il se montre tout aussi critique que P, mais plus résigné quant aux intentions - mauvaises de fait, inconscientes - des dirigeants. Ces discussions ont alimenté mon stress. Je me refroidis, mange sans faim, abattu. Après avoir emballé quelques colis, je m’enveloppe dans une couverture et lis, m’assoupis quelques minutes. Le stress me garde transi de froid. Le ciel s’est couvert d’un blanc laiteux quand j’ouvre un oeil. Nous sortons pour le tour par le grand pré avec M, et bien que la température ait baissé, je me réchauffe à marcher. M m’ait revenue déjà hier. J a eu juste le temps de la déposer et de partir vers N pour un stage ce week-end. M n’a aucune conscience de mes problèmes. Sans doute pressent-elle mes inquiétudes : elle ne me quitte pas, me suit dans chaque pièce où je me rends. La balade et la pause m’ont fait du bien. Je me remets au travail, plus positif, jusque tard le soir. Une seule vente aujourd’hui, un volume du théâtre de Ionesco.