Hier j’ai récupéré M qui redonne un peu de vie à la maison. C’est un plaisir de se réveiller à côté elle, qui s’étire au milieu du lit, de marcher ensemble dans la douceur de ce printemps anticipé. Hier, j’ai donc aussi vu J, toujours aux prises avec une inextricable peine. Prise de vertiges, elle s’est endormie sur le canapé pendant que j’emballais mes colis, dont l’un en partance chez François Bon. J’avais d’ailleurs un peu honte de lui envoyer un livre en mauvais état, un peu ancien dans mon stock. Aujourd’hui, je ne saisis plus ce type de livres. J’aurais voulu m’excuser, mais je n’ai pas osé. Hier, j’ai passé la journée avec J. Je voulais lui témoigner ma présence dans les moments difficiles qu’elle traverse. J’ai donc peu travaillé. Les choses auraient pu en être autrement aujourd’hui, mais après avoir traité mes commandes et débarrassé la salon et la cave de dizaines de livres obsolètes, je passe un long moment avec AC au téléphone. La mort rôde au détour de nos échanges, celle des anciens, des autres tout près, la notre. Après la balade avec M, je rédige un mail pour AC, que je lui envoie, avec des informations importantes s’il m’arrivait un accident. Je travaille ensuite jusque tard, mais mal, étourdi par les pensées de la fin. Le silence est total. M dort déjà. Et alors que je ne m’y attendais pas, la sonnerie de réception d’un message retentit. Un sourire dans la boite, embarrassé mais volontaire, de ceux qui disent que tout n’est pas fini, mais que les choses ont changé. Je l’admets peut-être un peu mieux maintenant, oui.