En ces temps mouvementés, il est difficile d'écrire à propos d'autre chose que de république, de religion et de liberté. Pourtant sommes-nous sans doute nombreux à ne pas vouloir parler de ces sujets, et surtout d'une manière de bavardage incessant sur les fils d'actualités, les réseaux, par ces verbiages clamant haut les valeurs. Les réseaux, qui ne laissent pas le temps. Pourtant, voilà ce à quoi j'aspire ces derniers temps, la paix et le silence. Et quoi de mieux qu'un silence dans le deuil ?Pourquoi donc irai-je ajouter un jugement (de valeur) à l'actualité de mes amis ou bien ceux qui suivent la page de la librairie ?
J'aurais voulu parler de Bernard, ce libraire à la retraite qui m'a transmis quelques livres, certains venant de la collection Sources Chrétiennes du Cerf et qui ferait rougir celui qui dit que la religion et la théologie simplifie tout, si tant est qu'on y entende quelques mots, à ces livres - comme je l'admets, c'est mon cas. Difficile de voir où certains génies de la foi ont pu emmener nos aieux, en dehors, ça va de soi, de toute simplification du discours religieux, que l'on veut malheureusement à mon sens bien trop ramener au dogme et à son versant politique ces derniers temps.
Bernard m'a transmis cela et je me suis fixé comme tâche de les transmettre à mon tour, ces livres de théologie, histoire d'acheter ma paix et mes livres. Je souhaite qu'ils partent apaiser les idées d'un sage, triste de voir les débats se réduire et se réduire encore, comme s'ils ne portaient pas vers un ailleurs grand et beau.
Quelle épineuse tâche d'intéresser sans parler d'islam, fondamentaliste de préférence, ou bien de Charlie, que l'on a pour devoir d'être ou ne pas être. Cela me ramène obligatoirement à certains mots de Ricoeur, qui, sans que je puisse les citer de mémoire, disait que la philosophie moderne se résume à la question du tout et des parties. Quel est ce Charlie ? Tous les mêmes et tous différents. Et si c'est une valeur, Charlie, ou un bien précieux à défendre, qu'a-t-on besoin alors de l'être ?
Pour l'anecdote, le nom de Charlie Hebdo fut inspiré à ses créateurs après l'interdiction de Hara Kiri, qui avait titré "Bal tragique à Colombey : un mort", blague qui suivit la mort de De Gaulle. Le journal se réinventa en Charlie, le Charlie Brown de Snoopy, à qui, donc l'on pense, mais aussi Charlie De Gaulle, difficile d'éviter le clin d'oeil du prénom à l'époque...
Bref, finalement, moi aussi je me mets à bavarder et à envoyer de l'info en fil d'actualité. Je balance du contenu et, bien entendu, comme vous tous, c'est tout ce que je n'aimerais pas faire.
Je vais donc me retirer et aller lire un livre pour tenter d'être moins bête. Je vais faire à nouveau silence en attendant que le tumulte médiatique s'apaise, s'il en est, c'est-à-dire attendre le jour où une information en vaut une autre. Une partie dans un tout.
La librairie vous salue bien. Bonne lecture.