Une bonne résolution (une de plus)

Posted By: Gabriel Feret In: Auteurs oubliés On: samedi, septembre 10, 2016 Hit: 1165

En cette rentrée, je prends de bonnes résolutions : je vais tenter d'écrire ici plus souvent. Il semble que les dates symboliques, rentrée, nouvel an, soient propices à ce genre d'engagement et, après tout, combien de plumes virtuelles se sont trouvées devant leur champs vide, la date de leur dernière publication, se sentant le devoir de tenir au courant les trois lecteurs qui daignent les lire et faisant eux-mêmes face aux mêmes affres de la case vide ? 

Il faut bien reconnaitre que l'envie de faire vivre un peu cette page est devenue, sinon un échec, un projet un peu fou, un idéal que je n'atteindrai peut-être pas, tant je suis absorbé par le fait de proposer des livres, montrer des auteurs, donner à un livre une chance nouvelle, une place étendue dans une autre bibliothèque, devant d'autres yeux et d'autres jugements. 

Le fait de vendre des livres, qui sont des livres de secondes mains, comme le disent les Belges, voire des livres de tierces mains me fascine. Cette idée que des milliers de livres ou d'objets nous survivent et ont plusieurs vies. Leur objet premier, même, ou le but de leur écriture prend alors un tout autre sens puisque l'histoire a catégorisé à nouveau les centres d'intérêt, les objets d'étude. Le meilleur exemple, d'ailleurs, en est le livre d'histoire, qui peut devenir objet d'étude historique à son tour, le livre scolaire, l'étude de Jeanne d'Arc, de la seconde guerre mondiale, des Templiers... 

En cette rentrée, disais-je, j'ai eu l'idée de créer un nouveau tiroir sur ce site, qui concernerait les auteurs oubliés et je ne vous parle pas ici des "seconds couteaux" comme on les nomme, comme le malin Crevel à l'ombre d'André Breton, ou encore de Paul Bourget, Maurice Maeterlinck (Prix Nobel de littérature français) Henry Bordeaux, qui furent des personnages très importants de la vie publique en leur temps. Quoique. Il serait intéressant, aussi, de causer de ces écrivains. Je me dis que dans cent ans, des bouquinistes ne sauront plus quoi faire des caisses de Nothomb ou d'Eric-Emmanuel Schmitt et qu'une édition grand papier d'Amélie, qui se vend plusieurs milliers d'euro actuellement aura "du mal à se vendre" (Expression très usitée dans le métier.) 

Mon projet initial était toutefois de parler de ces livres, des oeuvres d'inconnues, car, figurez-vous, quand on charrie des caisses de livres à n'en plus finir, on constate que l'auteur est peu de choses. Combien sont restés ? Peu. Par leur talent, sans doute. Mais aussi par hasard. Qui connaitrait Sade aujourd'hui si J.-J. Pauvert et quelques hurluberlus n'avaient pas eu l'idée de le sortir de l'oubli ? Bien sûr, je n'aurais absolument pas la prétention d'un Pauvert dans cette rubrique, sauf pour mes trois lecteurs habituels, bien entendu. Je n'aurais d'ailleurs pas nécessairement le souci de la qualité du texte, mais ça m'amuse beaucoup de me dire qu'un Albert Colignon qui collabora quelques fois à la revue du Pays Lorrain trouve une place dans le World Wide Web ; ça m'amuse beaucoup de parler du livre de Louis Gastin Tu réussiras, publié en 1929 dans la collection Penser et Agir des éditions Vallot (Paris) - les grands éditeurs de développement personnel n'ont qu'à bien se tenir :

" Il faut d'abord savoir ce que l'on veut. 

Combien de gens traversent la vie en zigzaguant, comme traverse une rue l'homme privé de raison, et ne réussissent rien faute de savoir ce qu'ils veulent vraiment ?

Il n'est pas possible au pilote de diriger sérieusement sa barque vers le port, s'il n'a pas une conscience nette du but qu'il doit atteindre."

"Qu'est-ce que l'Optimisme ? 

C'est un état d'âme que les savants appellent "euphorique" et dans lequel, selon une locution très populaire, "on voit la vie ne rose" 

L'état contraire est le "Pessimisme" par lequel on voit tout en noir." 

De l'humour, oui, je pourrais en avoir, mais, après tout c'est un terrain glissant. Je suis aussi tombé sur des livres de parfaits inconnus... pour moi ! Faisant des recherches, je me suis aperçu de l'importance de l'individu dans son époque, de ses initiatives, de sa surprenante biographie. Je me souviens que Patrick Mauriès raconte cela dans un de ses livres (désolé, je ne me rappelle plus lequel) : il avait développé une passion sans assouvissement pour les auteurs oubliés et il créa la maison du "Promeneur" qui regorge de bijoux littéraires. 

En dernier lieu, bien sûr, ces auteurs oubliés, pourquoi ne pas les vendre ? Si en plus, l'un de mes trois lecteurs réguliers avait l'idée de mettre son nez dans un de ces livres, ce serait une grande réussite pour moi. Je te vois toi, dans un diner en ville ("diner en ville", superbe expression) citer Louis Gastin ou Albert Colignon, cette rubrique te permettra d'étaler allègrement ta confiture !