C’est un jour de janvier comme les autres. Les piqûres d’angoisse muent mon corps en idées noires. Je tue l’ennui dans un livre que je peine à lire. Parce qu’il ne porte pas de ressemblance avec ma tristesse ou parce que la tristesse d’un autre ne parle pas à la mienne. Il semble pourtant que je vais mieux depuis quelques jours, quelques semaines, peut-être. C’est ce qu’elle me dit. C’est ce que me disent les autres quand je sors. C’est vrai, depuis quelques semaines, je sors. Mais les autres me rappellent encore que je ne leur ressemble pas.
Elle est partie travailler. Je ne l’ai pas entendue se lever ni se laver ni déjeuner. J’ai peut-être perçu dans mon sommeil le bruit du trousseau, le cliquetis du tour de clé dans la serrure. Ou alors c’était hier, je ne me souviens plus. Comme hier, elle est partie vivre sans moi dans le tumulte du monde. Je préfère qu’elle y parte sans moi. Tant que je retrouve son sourire à la fin de la journée, son sourire qui rassure, qui promet que ça ira mieux. Elle a peut-être dit cela aux autres, quand ils l'ont questionnée à mon propos, que ça ira mieux. Plus probablement, elle n’a rien dit, mais ça, je l’ai compris plus tard. Dès lors qu’elle a claqué la porte, elle est devenue cette autre parmi les autres. Elle a vécu sa vie. Peut-être est-ce le bruit de la porte qui claque que j’ai entendu ce matin. Je le préfère au bruit du trousseau, qui me fait tressaillir. Ce bruit qui atteint le cœur du sommeil, au matin. Alors je ne dors plus vraiment. Les cauchemars se lancent en boucle, en répétition, comme autant de tours de clés.
Je ramasse le livre à côté du lit. J’ai déjà lu une fois Au-dessous du Volcan de Malcolm Lowry. Je persiste, je relis le monologue à n’en plus finir du Consul. Je sais que cet homme a quelque chose à me dire, même si je ne comprends pas son ivresse. Je ne comprends pas que l’on puisse être ce génial ivrogne. Je mets ses illuminations sur le compte du mezcal. Il y a quelques jours, chez un bouquiniste, j’ai trouvé un livre à propos de cet alcool de cactus. Je pense au voyage d’Antonin Artaud au Mexique, et au livre qui en fut inspiré D’un voyage au pays des Tarahumaras. Artaud consomma probablement du peyotl, le cactus hallucinatoire de la mescaline. Il revint fou de ce voyage. Artaud aussi a quelque chose à me dire. Je feuillette le livre sur le mezcal. Il ne me dit rien sur Lowry, sur Artaud, rien sur moi. D’ailleurs, je ne bois pas. Je ne me drogue pas non plus, sinon en avalant les pilules que les médecins m’ont prescrites.
Je repose le livre à côté du lit. J’allume une autre cigarette. C’est le milieu de l’après-midi d’un jour de janvier comme les autres. Je tue l’ennui, l’angoisse demeure. Il faudrait sortir. Je passe mon manteau et j’ouvre la porte. Elle ne l’a pas fermée ce matin. Le soir, quand elle rentre, elle nous enferme, en laissant la clé sur la serrure. Le matin, elle ne la verrouille pas. J’entends le bruit du trousseau, il tinte comme un adieu. La porte claque, elle s’enfuit déjà. À mon réveil, je retrouve parfois la porte entrouverte. Par l’embrasure, j’entends les voix étouffées venant de la rue, le chuintement filant des pneus de voitures sur l’asphalte.
Dehors, il ne fait pas froid. J’ai trois possibilités de directions. Je donne un but à l’errance, je descendrai vers la gauche, vers la ville, vers les librairies. Je marche jusqu’au carrefour. Ici, juste avant l’angle de la rue, se trouve cette salle des ventes. Je me suis toujours dit qu’un jour, je devrais y mettre les pieds. Par amusement, pour le spectacle. Bien plus tard, un jour, j’y entrerai enfin. Je n’habiterai plus l’appartement voisin. Elle sera partie pour de bon. Je déjeunerai en compagnie du commissaire-priseur, sur son bureau, et celle de mon ami libraire. Mais je ne veux surtout pas que ces prophéties se réalisent. Surtout pas ou j’en mourrai. Je me souviens que mon père m’avait attiré à l’hôtel Drouot. Je tenais mes bras serrés le long du corps. J’évitais de porter la main vers mon visage. Je ne voulais pas que le commissaire-priseur s’imagine que j’avais enchéri. Surtout, je ne voulais pas prendre part à ce monde. Ce monde traversait mon corps d’agitations et de vacarme. Pour moi, ces gens jouaient à vivre, en portant le masque d’une tragédie inquiétante.
Je continue à gauche, vers le lycée. Je pense à elle qui travaille ici. Je suis heureux d’être au dehors, de partir plus loin, comme je ferais l’école buissonnière. J’accélère le pas, je tourne à droite et entre dans le parc. Personne sur les bancs ou sur les pelouses. Ici, au printemps, les lycéens viennent réviser leurs examens. Ils viennent fumer et boire, s’amuser et refaire le monde. Elle se joint à eux parfois. Je l’accompagne, si elle est seule. Elle étale une couverture sur la pelouse et sort ses cahiers, ses classeurs. J’ai amené un livre, mais je ne le lis pas. Elle ne travaille pas non plus. Elle guette les passants. Elle leur imagine une vie, une belle vie, une vie de possibles. Parfois, elle n’aime pas l’apparence de quelqu’un et lui invente une vie ridicule. Ça la fait beaucoup rire.
Les piétons traversent rapidement le parc. Ils ont des téléphones et des sacs, ils partent s’affairer ailleurs. J’évolue lentement dans les allées, je passe la grille et plonge vers la ville. Les branches des platanes sont aussi nues que mes idées noires, à vif. Ici se trouve l’école des Beaux-Arts. On voit parfois un étudiant, un professeur descendre les quelques marches et marcher vers l’Abribus, un carton à dessins sous le bras. À la rentrée de septembre, les étudiants se réunissent sur cette place. Les bizuts sont déguisés. L’ambiance est bon enfant, festive. Les jeunes gens fondent les premiers jours d’amitiés qui, pour certaines, dureront le temps de l’existence. Une étudiante, dont les cheveux ne sont apparents que d’un seul côté de son visage, se dirige en face de moi. Quand je croise son regard absent, il me semble qu’elle peut lire le vide en moi, aussi je baisse le regard.
Après l’école, je traverse le boulevard, j’emprunte la petite rue du Commandement, qui remonte vers la gare. Cette rue correspond à une zone limitrophe, non tout à fait encore le cœur de la ville, mais déjà des lieux vers lesquels les foules convergent au soir pour se reposer. Inviter des amis, regarder la télévision, jouer, faire la fête, faire l’amour, faire des enfants. Dans cette rue, le macadam vient mourir sur les premiers pavés, pour certains déchaussés. Je passe devant une boutique obscure, dont on peut interroger la viabilité financière. Je passe devant le cinéma indépendant. Ici, il y a quelque temps, nous sommes allés voir Eyes Wide Shut, le film posthume de Stanley Kubrick. Assis côte à côte, nous nous tenions la main, crispée par le vieillissement de ce couple, qui étalait sa vie intime. Nous étions remontés vers l’appartement sans un mot.
Sans d’autres mots que cette obsession, j’arrive aux abords de la gare. Je marche sur la passerelle, au-dessus des rangées de trains, prêts à partir d’est en ouest. Bien sûr, mille fois j’ai imaginé monter dans l’un d’eux pour partir des mois, des années, pour revenir victorieux. À mon retour, j’aurais tué la peine et je lui aurais offert le bonheur auquel elle a droit. Je n’ai pas cette lâcheté pourtant. Je comprends indiciblement que les idées noires me poursuivraient. La peine a besoin des murs. La peine ne tolère pas les départs, l’air de la montagne et le mouvement des déambulations. Et puis, à mon retour, elle m’aurait remplacé par quelqu'un de bien, quelqu’un de trop bien pour moi. Je n’ai pas le courage de partir.
J’entre dans le bouillon de la ville. En tous sens, les autres partent et reviennent, préoccupés par le bon déroulement des opérations. Depuis que je sors, c’est un plaisir de traverser cette agitation. Je me figure que je suis comme un étranger. Je suis comme le Consul au pied de son volcan. Comme lui, j’entre dans un bistrot sale, un bistrot de quartier. Je ne commande pas de mezcal, mais un grand café afin d’exciter suffisamment ma future nuit. Le garçon ne me comprend pas très bien, puisque je parle avec un accent. Je ne baragouine que quelques mots de sa langue. Il me semble parfois parler une autre langue, d’une grammaire et d’une orthographe qui me sont propres, qui sont uniques. Elle n’est pas la langue de la circulation ininterrompue de la ville, elle est celle de mon agitation, de mon angoisse et de mes idées noires qui se répondent sans arrêt dans un vacarme assourdissant.
Je continue vers la vieille ville, recherchant les ruelles et des îlots plus calmes. J’entre dans la librairie. Le libraire joue à un jeu virtuel de suites de cartes. C’est l’unique jeu intégré à l’ordinateur. Il a déjà fait des milliers de parties et il ne perd jamais. Il me salue, me demande si je vais bien. En temps normal, des clients, des amis, entrent et parlent avec lui. Ils parlent de manière passionnée d’Histoire ou de politique. Les échanges peuvent durer une heure ou deux, parfois l’après-midi entière. On va alors chercher des cafés au bar du coin. On les rapporte sur un plateau que le serveur a prêté. Le soir, à la fermeture, le libraire ramène l’ensemble au barman, un autre, qu’il connaît bien, et qui commence sa nuit. Autour d’une bière, il poursuit la discussion avec le dernier client qui lui a rendu visite. Dans la librairie, quand je prends part aux discussions, avec les autres clients, je regrette ensuite mes paroles. Elles me poursuivent pendant des heures, des jours parfois. Je leur accorde un poids qu’elles n’ont pas. Pendant le temps des débats alors, j’examine les étagères, j’attends que les clients repartent. Eux aussi, certainement, attendent que je parte. Mais je ne suis pas un client comme les autres, j’aime le croire. Le libraire aussi, bien sûr, aime à ce que je le crois. Aujourd’hui, il est seul. Alors je parle d’Histoire avec lui, et de politique.
Il poursuit ses parties à n’en plus finir. Parfois, j’aimerais lui dire comme la vie est difficile pour moi. J’attends même ce moment. Je voudrais lui révéler les idées noires, comme on trahit un compagnon de route. Mais je crains qu’il soit agacé. Il a y quelque temps, un client a tenu des discours méprisants à propos des « assistés ». Le libraire l’a laissé s’exprimer puis il a dévié la conversation sur un autre sujet, l’homme politique à la mode. Mais je ne viens pas ici pour parler des prochaines élections, je ne viens pas vraiment pour les livres, je viens surtout pour parler. Et pour parler avec lui. Nous avons des choses à nous dire, je le sais. Une fraternité nous rapproche, dont nous ne connaissons pas encore le nom. Il est comme Lowry ou Artaud, il détient un mystère de moi. Je ne sais pas lequel, je ne sais pas comment le chercher. Souvent, je repars avec un livre qu’il m’a conseillé.
Derrière la porte en verre de l’entrée, la lumière a baissé. La pluie commence à tomber. Je regarde l’heure. Elle devrait être rentrée. Comme elle ne m’aura pas trouvé, elle sera heureuse que je sois sorti sans la prévenir. Elle interprétera cette sortie comme le signe que je vais mieux. La nuit tombe et, comme lors de chaque crépuscule, je m’apaise. La nuit, les idées noires se diluent en trêve, en cessez-le-feu. Depuis longtemps, je crains les agressions du jour. Le jour, il nous faut travailler, entretenir des relations, vivre, en avoir le goût. Je ne comprends pas cette contrainte du goût à la vie. Je m’étonne que ce goût semblât si naturel aux autres. Et je lutte pour reconnaître le goût du jour que j’ai oublié ou qui m’est inconnu. Le libraire est loin de me révéler ce mystère aussi. Un jour, il me l’expliquera. Il recomposera mon identité, sans même en avoir eu l’intention, par un hasard dur et discret. Pour le moment, je suis loin d’imaginer l’époque où nous pourrons enfin nous rencontrer. Si je l’avais connu maintenant, j’en serais mort sur place, illuminé par la peur.
Le libraire parle peu. Il termine une autre réussite virtuelle. Un jeune homme entre. Son prénom est Baptiste ou Emmanuel, un prénom de ma génération. Ses vêtements sont ceux que portent les nostalgiques des années 60, pull en laine coloré et pantalon en toile de coton, ceux qui usent les bancs du lycée du bout de ma rue. À côté de la salle des ventes, des terrains de tennis, de ces faubourgs bourgeois. A l’époque du lycée, il a joué de la guitare avec ses amis dans le parc, au lieu de réviser. Il a fumé des cigarettes américaines, des joints et bu des alcools sucrés. Il a séché les cours pour aller boire de la bière au café. Il a testé quelques autres psychotropes, mais les effets ne lui ont pas plu. Sa mère Anne-Marie est professeur de français dans le lycée où il a étudié. François, le père, est psychanalyste. Ses parents sont catholiques et laïques. Ils l’avaient inscrit dans ce lycée en raison de l’option d’art dramatique. Comme ils n’habitaient pas cette ville, ils tenaient à ce que leur fils étudie dans ce lycée réputé. Le choix de l’option permettait l’inscription.
Le jeune homme laisse lourdement retomber la porte en verre, dont le groom est cassé. Il se dirige vers le bureau, en s’excusant pour le fracas. D’un sac en plastique de supermarché, il sort trois gros livres noirs aux titres dorés sur les dos. Il présente aussi deux livres de poche. Baptiste tremble, il est trempé. Il n’a pas de veste. Le libraire examine les livres, il propose son prix. Baptiste hésite, ce sont les œuvres complètes de Baudelaire au club français du livre, bien complet de leur notice. Je détourne mon attention des rayonnages de littérature, porte timidement mon regard vers eux. Le libraire tient son prix et, je le sens, il pourrait s’énerver. Baptiste ouvre l’un des trois tomes, il parcourt quelques lignes. Il dit que c’est difficile pour lui de se séparer de ces livres, ceux-ci ont accompagné son dernier voyage.
Un long voyage, c’est ce que je me figure soudain. Au Moyen-Orient, de longs mois, en Amérique du sud, au Mexique, qui sait, au pied du Popocatepetl. Il est un jeune homme qui n’a pas passé son bac. À cette époque, il entretenait une relation amoureuse avec une Victoire ou une Anaïs. Ils préparaient ensemble l’examen et ils avaient le projet d’étudier ensuite à la même faculté, de prendre un petit appartement ensemble. Et puis, quelques semaines avant la date de la première épreuve, Anaïs a quitté Baptiste sans raison. Elle ne répondait plus à ses appels, à ses messages. Quand ils se croisaient dans les couloirs du lycée, elle fuyait vers une autre vie. Ainsi, un jour qu’il passait sur la passerelle de la gare, Baptiste est monté dans un train. Il est parti, avec les livres, qu’il tenait de son grand-père. Il n’a pas laissé de mot sur la table de la cuisine. Il a préféré écrire des lettres, comme celles que Rimbaud écrivait depuis l’Afrique à sa mère.
Le commerçant rougit, il perd patience. Les plats du livre sont un peu frottés, les coiffes, les coins, émoussés. Le jeune homme hésite encore. Il a besoin de cet argent, fauché après son voyage. Il tente encore mollement un regard appuyé, puis ses yeux se baissent en signe d’assentiment. Avant de partir, il demande la permission de lire un dernier poème. Le libraire grommelle, se rassoit devant l’ordinateur de son bureau. Accroupi devant l’un des trois volumes ouverts, Baptiste lit ses voyages. Il fait ses adieux à sa vie de bohème. Je sais qu’il va entrer dans la vie du jour, je l’ai compris. D’un air absorbé, un peu théâtral, sa main gauche est posée sur son menton. L’index et le majeur remontent droits sur la joue, à la manière de Marcel Proust sur une célèbre photo. Le libraire soupire encore, hausse les yeux. Baptiste frémit, il referme le livre sèchement. La porte en verre se referme d’un coup sourd. Je regarde mon ami, qui ronchonne encore un « Non, mais enfin, c’est ridicule ! »
C’était un jour de janvier comme les autres. J’avais reflété des idées noires dans le ciel terne en attendant mes nuits, en attendant des jours meilleurs. J’avais cherché tout en errance des visages enfouis qui me ressemblent. J’avais cherché ces signes dans son amour pour moi, je les avais cherchés dans les livres, chez leurs auteurs, les passants dans la rue, les amis. Cette vie autour de moi me rendait plus seul encore. Un jour, pris d’ennui, j’étais descendu vers la ville à pied, sans me presser. J’étais allé jusqu’à ma librairie préférée. Un jeune homme était entré après moi et avait vendu des livres au libraire. Il s’était difficilement séparé de ses œuvres complètes de Baudelaire. C’est vrai, le jeune se donnait un peu des airs de poète maudit. Il aurait pu ouvrir un exemplaire au hasard et se mettre à déclamer en vers, perché sur l’escabeau. Mais il m’avait touché. Quand il était sorti de la librairie, je l’avais rattrapé. J’avais marché à ses côtés, sous la pluie qui ruisselait sur mon front. Il était habillé trop légèrement pour un mois de janvier, sans veste, sans protection contre la pluie. Il tenait un sac plastique vide au-dessus de sa tête. Comme il disait revenir de voyage, je lui avais posé des questions sur les lieux dans lesquels il s’était rendu. Il m’avait répondu par quelques mots, d’un air de bourlingueur désabusé qui en sait long sur la question. J’avais évoqué Jack Kerouac et Sur la route. Il m’avait répondu tout aussi désagréablement que Kerouac avait pillé le phrasé d’un ami. Il voulait parler de Neal Cassady. Je ne sais plus comment je l’avais quitté pour revenir vers la librairie. Je ne sais pas ce qui m’avait touché chez ce jeune prétentieux. Son orgueil le rendait peut-être aussi seul que le mien. Son imposture ressemblait à la mienne.
Quand j’entre à nouveau dans la librairie, le libraire quitte le siège de son bureau. Il se lève et râle contre les grands airs que se donnait ce petit monsieur. Si j’essaye de le calmer, il jure plus fort, en me blâmant de le défendre. Il abaisse le rideau de fer depuis l’intérieur, avec sa commande à clé. Il fait tinter le trousseau. Nous sortons par la porte de service sur le côté. Je ne l’accompagne pas pour boire l’apéro dans le café qu’il fréquente habituellement. Ce sera pour plus tard, pour une vie dont je n’imagine pas le possible. Je repars seul encore dans ma nuit, remontant vers les faubourgs, avec, sous le bras, dans un sac plastique, les œuvres complètes de Baudelaire au Club français du livre.