Au réveil, je trouve M étendue sur le canapé dans le seul raie de lumière qui traverse la fenêtre. SS m’appelle peu après. Il a été remercié par son entreprise sous forme de « rupture conventionnelle », qu’il n’a pour ainsi dire pas négociée. Il quittera donc son travail avec un maigre pécule. Pendant qu’il m’explique ses mésaventures, je lance une balle de tennis à M dans le jardin. Le soleil ressemble davantage à celui de fin avril ou même de mai. Nous partons ensuite pour le tour habituel du matin. J’appelle ADC pour convenir d’un rendez-vous la semaine prochaine. J’en profiterai pour aller voir JLB et MB, qui ont des livres à me donner. Au sous-sol ensuite pour emballer les colis. J’ouvre la fenêtre pour laisser entrer la douceur. A 14h à la poste puis je prends la route de C. PM, KZ et XH ont sorti leur stand. Il me semble mieux saisir l’anxiété de XH, avec qui j’échange longuement. Je lui achète trois livres, deux volumes des Mythologiques de Claude Levi-Strauss, la traduction française des Essais sceptiques de Bertrand Russell. Sur son stand, des livres qu’il a sorti de ma cave il y a quelques semaines et que je redécouvre étrangement. A la librairie pour saluer A et N, avec qui je parlotte quelques minutes, avec L aussi, que j’avais rencontré un soir d’apéro à la librairie. Le jeune homme se montre heureux de pouvoir aller pêcher la truite demain, pour l’ouverture de la saison de pêche, triste, comme me l’apprendra A après son départ, que sa compagne l’ait quitté il y a quelques jours. Avant de quitter C, je traverse le mur qui sépare la rue de la place, grâce à cette allée privée, coquette avec ses petits jardins, souvent ignorée des touristes, je salue mes confrères, en plein remballage. les immeubles portent leur ombre sur la place froide. J’ai passé l’après-midi dehors. A mon retour, M et moi partons pour le petit tour par le pré. Je me remets au travail tardivement. Les piles de livres se sont amoindries depuis quelques jours dans le bureau.
Des douleurs au bas-ventre m’ont repris dans la soirée. Tout à fait conscient de cette ironie, j’imagine à qui je céderais tel ou tel de mes livres s’il ne me restait que trois mois à vivre. N’est-ce pas lutter contre l’angoisse que de se raconter des histoires ?