La peine du plaisir, c'est quand il ne peut plus se supporter lui-même. C'est quand il se renonce et ne se permet plus de seulement jouir. Les amants épuisés s'endorment. Le plaisir de la peine, c'est lorsqu'elle insiste, non sans perversité, pour s'entretenir et pour se goûter elle-même en s'irritant plus avant. C'est quand elle se complaît, ne serait-ce que dans sa propre plainte. Elle ne se laisse pas seulement peiner et protester contre la peine, elle consent à s'endormir elle-même en quelque sorte - au sens où l'on dit 'endormir la douleur' - quitte à connaître un réveil redoutable. Dans tous les cas, la défaillance et la chute consistent à ne pas laisser subsister un état avec la tension qui lui est propre. Avec sa tension et son intention : celle de l'activité dans la fatigue, celle de l'intérêt dans l'ennui, celle de l'espoir ou de la confiance dans la détresse, celle du plaisir dans son déplaisir, celle du refus de la peine dans sa délectation morose. Une acuité s'émousse, un élan se perd, une vigilance s'endort.